Vous êtes mordus de déco
mais, une fois votre joli magazine fermé,

 

comment adapter les préceptes de pros chez vous ?

Place aux personnalités qui nous sont chères et qui ont eu
la gentillesse de partager leur vision de la décoration.

Avec générosité, elles vous livrent leurs choix assumés
et partagent tips et conseils inspirants
.
 
Aujourdhui la parole à
 

Ilaria Fatone

 

 
 

Ilaria, pouvez-vous vous présenter ?

Italienne, je suis née et j’ai grandi à Milan dans une famille de passionnés du Beau, d’art et de littérature. Historienne de l’art de formation et spécialiste de manuscrits enluminés, je décide de changer de voie professionnelle après 15 ans dans le marché de l’art, notamment à la tête d’une galerie d’art médiéval franco-américaine basée à Paris. Lors d’une brève parenthèse professionnelle dans le monde de la promotion de la liberté d’expression, j'ai lancé un blog de décoration slow et de bien-être dans la maison.

C’est au moment de la redoutable « crise de la quarantaine » que le changement de vie s’opère. Je quitte Paris pour Aix-en-Provence avec ma petite famille et je décide de donner une chance à cette envie grandissante de décoration. Au départ les projets arrivent grâce à la confiance de mes premiers clients et d’amis qui diffusent mon nom, et le bouche-à-oreille fait le reste. Autodidacte et passionnée d’intérieurs épurés, je m’efforce de simplifier les maisons de mes clients pour leur créer un lieu de vie apaisant et cohérent où ils puissent se sentir bien pendant de longues années.

On me demande souvent si la décoration a toujours été une passion dans ma vie. Certainement, si on parle de design car j’arpentais les showrooms du Fuorisalone de Milan pendant mes années d’études. Mais j’avoue que j’ai toujours ignoré ce que je voulais faire de ma vie. J’avais des passions et j’ai réussi à en faire mes métiers.

 

Dans le bureau d’Ilaria
 

Votre mantra en déco ?

« On n’a pas besoin de plus de place, on a besoin de moins de choses. »

 

Le bon goût, vous en pensez quoi ?

Du goût, on ne discute pas, même les Latins le disaient ! Chacun a le sien propre, on aime ou on n’aime pas, mais ça serait prétentieux de vouloir imposer le nôtre aux autres.

Si vous étiez une pièce de la maison ?

Le salon, sans aucun doute : le lieu de la paresse, du partage, le carrefour de la maison. Depuis toujours c’est ma pièce préférée. Souvent compliquée à aménager car elle a de multiples fonctions, elle est essentielle car elle doit accueillir tout le monde et prévoir des coins de détente pour chacun.

 

Le salon d'Ilaria
 

Le top 3 de votre bucklet list ?

  • Visiter toutes les capitales européennes avec mes enfants
  • Avoir une maison avec vue sur mer
  • Écrire un livre
 

 Si vous étiez un artiste ?

Je serais Jan van Eyck, un peintre flamand du XVe siècle, pour ses portraits époustouflants de réalité, l’effet velouté de ses toiles (parmi les premiers artistes à avoir utilisé la peinture à l’huile), les intérieurs visibles dans ses tableaux, comme des photographies qui montrent les carrelages, les décors, le mobilier de l’époque.

Votre projet de rêve ?

Décorer un hôtel particulier : j’ai envie de moulures, de vieux parquets, de cheminées majestueuses, de fenêtres imposantes…

 

Votre obsession du moment ?

 

Tout ce qui touche à la terre et à une certaine
simplicité : matériaux, couleurs, textures.
Comme un besoin de s’ancrer, de revenir
à la source.


Chez Ilaria, détails  
 

 

Les tips dIlaria

 
 

« Simplifiez, simplifiez, simplifiez » :
qu
entendez-vous par ce crédo ?

Nos vies, nos intérieurs sont stimulés en permanence, surchargés sans cesse par tout ce qui nous est montré, proposé, imposé par le monde extérieur. Que ce soit pour notre vie ou pour notre intérieur, simplifier permet d’y voir plus clair, de donner un nouveau souffle à nos espaces, de laisser respirer les choses essentielles qui nous entourent. Mais simplifier ne rime pas avec dépouiller. En supprimant le superflu et les objets qui n’ont pas d’importance dans nos vies, on remet la beauté au centre de nos maisons.

Minimalisme : comment véhiculer l’émotion ?

Je parle de minimalisme depuis plusieurs années. J’ai commencé ma démarche en 2009 et j’ai commencé à animer des ateliers minimalistes en 2014. La vision de ce mouvement a radicalement changé, plus de monde s’en approche, plus de monde le comprend. Mais les critiques sont souvent les mêmes, car elles font référence à des cultures minimalistes très lointaines de chez nous (notamment la japonaise). Des intérieurs froids, sans vie, sans âme. Je lis souvent « Je ne pourrais pas me séparer de mes objets », « C’est beau mais le minimalisme, ce n’est pas pour moi ». Je remarque que c’est le terme « minimalisme » qui fait peur, ce à quoi je réponds : « Appelez-le comme vous voulez, mais adoptez-le ! »

En 2021 le minimalisme devrait être une priorité pour tout le monde. Il a un impact sur notre façon de consommer (on achète moins et mieux), sur notre portefeuille (une consommation raisonnée permet de faire des économies), sur notre bien-être (car en limitant les objets inutiles, on gagne en espace, en fluidité de mouvement, en liberté). Pour aider les réticents, il faut commencer petit, ne pas imaginer que le changement se fait d’un seul coup. Sur mon site je propose plusieurs articles qui donnent des tuyaux pour démarrer et avancer. Il faut du temps et de l’énergie, et on trouve les deux en avançant car les bienfaits sont immédiats. On se sent bien dès qu’on voit la surface de son bureau, le fond de son placard, les livres sur les étagères…

On évolue dans une société qui nous montre qu’on est ce qu’on a : nos possessions, les objets qui nous entourent construisent l’image que le monde extérieur a de nous (et les réseaux sociaux n’ont rien arrangé à tout ça !). Le minimalisme nous montre que nous pouvons vivre mieux avec moins, tout en conservant un intérieur chaleureux. On parle de « soft minimalisme, de « warm minimalisme », des adjectifs qui montrent bien que tout n’est pas désolation et vide.


Les accessoires ont-ils leur place dans un intérieur minimaliste ?

Absolument ! Vivre dans un intérieur minimaliste veut dire avoir trouvé le temps et l’énergie pour se débarrasser du superflu, de ce qui encombre l’espace sans apporter de bien-être, sans éveiller en nous des souvenirs positifs. Une fois que cette démarche est entamée, que nous épurons notre intérieur, les objets qui nous sont chers seront mis en valeur car ils ressortiront grâce à l’espace qui se sera créé autour d’eux. N’écoutez pas ceux qui vous disent qu’être minimaliste, c’est vivre sans coussins, sans tapis, sans guéridon, sans vase, etc.

 

 

 

Comment faire vibrer une palette neutre ?

Ajouter des accessoires avec des motifs, des textures, des couleurs qu’on ne retrouve pas dans la palette principale, plus neutre. C’est le twist qui permettra de donner une note vivante sans surcharger l’ensemble. Mais c’est un jeu subtil qui doit être fait avec équilibre, pour éviter toute cacophonie de couleurs et motifs ; sinon l’effet apaisant de la palette neutre serait anéanti.

Couleurs : monochrome ou contrastes ?

J’aime créer des palettes où les couleurs communiquent, se parlent. Et puis faire entrer cette couleur qu’on n’attendait pas, qui surprend, qui ajoute une note différente, mais pas forcément dissonante. Donc je dirais contrastes, mais autour d’une palette qui reste harmonieuse.

 

Papier peint ou panoramique ?

Je peux compter sur les doigts d’une main les papiers peints que j’aime vraiment. En revanche je peux passer des heures à regarder des panoramiques. J’aime ces fenêtres qui s’ouvrent sur un extérieur imaginaire, souvent en contraste total avec l’environnement réel de nos maisons. Et c’est la meilleure façon de voyager en restant immobile, de faire entrer la nature en ville.

 

 

Comment définiriez-vous un intérieur où lon se sent bien ?

On a tous une perception différente de ce qui nous fait du bien, mais ce sont souvent dans les intérieurs qui ont été réfléchis, où il y a une attention particulière pour le confort, pour la fluidité de l’espace, pour l’harmonie des nuances, pour l’alternance des motifs, qu’on se sent le mieux. L’âme d’un lieu reflète la sensibilité de ses habitants et vice versa : rien n’est figé, meubles et objets s’y déplacent en permanence pour mieux les apprécier.

L’art thérapie, c’est quoi ?

L’art nourrit, inspire, soulage, apaise. Toute ma vie, les musées ont été mes lieux préférés pour retrouver du temps pour moi, pour me soulager dans les moments difficiles. Dès le début du premier confinement, j’ai commencé à partager sur Instagram un tableau par jour en story. Cela me faisait du bien de mettre le Beau à l'honneur et j’ai découvert que ça faisait du bien à mes lecteurs aussi. Désormais l’art est devenu plus accessible, on a accès à la photographie, aux illustrations, aux estampes… L’investissement est moindre, ce qui permet de faire entrer le Beau chez soi. Et ça, ça n’a pas de prix !

 

Faire entrer la lumière et la nature dans son intérieur

Impossible de vivre sans : nature et lumière sont deux éléments essentiels au bien-être, leur présence nous apaise. Quand on habite dans un environnement urbain, il est encore plus important d’effectuer des petits changements pour leur accorder la place qu’ils méritent en y intégrant des plantes, des couleurs et des motifs qui rappellent la nature ou encore en jouant avec les miroirs et les reflets.

 

Comment ne pas calquer les mêmes intérieurs
chez tous vos clients
 ?

Écouter ses clients, c’est primordial : comprendre leurs envies, leurs besoins, entendre même ce qu’ils ne disent pas, c’est la garantie de ne pas faire deux fois la même chose. Et puis « écouter » le lieu, essayer de ne pas le dénaturer, de lui rendre un peu de sa beauté d’origine.

Quelles sont vos matières fétiches ?

Sans trop de surprise, j’aime énormément toutes les matières naturelles, le moins travaillées et transformées possible : le bois, les lins, le papier, le béton ciré, la chaux, bref tout ce qui ajoute une texture douce, agréable au toucher, douce au regard.

 
 
 

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@ilariafatone

www.ilariafatone.com